mercredi 14 mars 2012

La variation topolectale

Qu'est-ce que la variation topolectale? Serait-ce trop facile de dire qu’il s’agit d’expressions propres à chaque région, pays ou culture? Probablement! Mais avant de préciser davantage le concept, pour simplifier cette chronique et sans vouloir lancer un débat, nous tiendrons pour acquis qu'il y a une variété commune à chaque communauté de la langue[1] qui permet à chaque locuteur de « comprendre » n'importe quel autre locuteur, peu importe sa provenance. De plus, s'il y a une forme commune à l'ensemble des communautés linguistiques, il peut y avoir une forme standard pour une communauté précise (p. ex. : le québécois standard en opposition au français standard).

Si les québécismes sont nombreux, les francismes le sont tout autant et les régionalismes québécois ne sont pas en reste. On peut penser aux mots urgentistes, aux sucettes et aux petits-déjeuners de la France alors qu’au Québec on parle des urgentologues, des suçons et des déjeuners. Sans oublier, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, nos « tourtières » bien plus copieuses que leur homonyme du reste du Québec et qui sont bien loin de « faire simple » quoi qu’en disent certains « grands talents ».

Ces variations sont-elles obligatoirement à proscrire? Est-ce que le fait qu’un mot soit un régionalisme en fait automatiquement un terme familier ou vulgaire? Si l’on se base sur l’usage, ces régiolectes ne sont pas forcément « marqués », certains font partie d’une forme standard de la langue alors que d’autres sont considérés comme familiers, vulgaires, vieillis ou archaïques. Et, avec le temps, les usages changent[2], évoluent au fur et à mesure qu’un terme prend ou perd de l’importance au sein d’une communauté jusqu’à s’étendre chez d’autres communautés ou à disparaître du registre standard[3].


[1] Pour le français, nous parlerons de français standard.
[2] Par exemple : babillard, qui portait encore la marque de familier dans la 4e édition du Multidictionnaire alors qu’on ne retrouve plus cette marque dans l’édition suivante.
[3] Pensons à courriel, qui était considéré comme un québécisme et qui s’implante graduellement dans la totalité de la francophonie, ou à fin de semaine, qui était en usage dans le monde et qui est maintenant marqué comme québécisme.

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